16 novembre 2023
Le 16 novembre 2023
Millésime 2023 : le Bilan

Il y a quelques jours, le Laboratoire Natoli publiait le bilan des vendanges 2023. En quelques mots, les experts définissent cette récolte de « vendange aux multiples visages et vins prometteurs ». Retrouvez ci-dessous un court résumé de ce rapport.

Le bilan des vendanges 2023 s’avère contrasté : positif au niveau qualitatif pour une partie de nos vignerons partenaires, mais avec une différence marquée concernant les volumes, d’autant plus pour les zones les plus sèches et non irriguées. Bien qu’aucune catastrophe météorologique ne soit apparue, la faible pluviométrie et les températures caniculaires ont eu d’importantes répercussions sur la production viticole.

Un chiffre marquant résume cela : une baisse moyenne de la production estimée à 15% par rapport à l’année précédente. Cette estimation peut même être doublée dans les zones non irriguées du biterrois.

Revenons sur le parcours et les caractéristiques de ce millésime 2023.

 

Un débourrement dans des conditions fraîches et sèches.

Tout d’abord, à la fin d’année 2022, malgré certaines réserves hydriques des sols pour quelques zones, le déficit pluviométrique hivernal était marqué.

Le début de saison a donc été languissant, plus ou moins hésitant, avec des températures plus fraîches que d’habitude. Les croissances végétatives, loin d’être explosives, ont même pris du retard dans les secteurs les plus secs. Les vignes irriguées en début de saison se sont développées plus rapidement et ces apports très précoces ont été vraiment profitables.

 

L’Arrivée de la pluie à l’Est, mais peu à l’Ouest

Ces disparités entre l’est et l’ouest ont persisté encore à la fin du printemps. En effet, des orages se sont déclarée dans l’est. Ces pluies, associées à la hausse des températures, notamment au mois de juin, ont poussé les vignerons à contenir l’épisode de mildiou qui est apparu.

À l’inverse, du côté du littoral héraultais, le printemps a été assez sec, causant une contrainte hydrique forte avant même le début de l’été. La conséquence : le retour des vignes « bonzaï » dans les parcelles en coteaux de l’Hérault, des vignes à la croissance limitée due au manque d’eau.

 

Un début d’été moins chaud, mais une fin de cycle sous la canicule.

Jusqu’à la mi-août, l’été 2023 n’avait pas été marqué par la chaleur. C’est à ce moment-là que les fortes chaleurs ont accéléré les chargements en sucres sur les cépages précoces, engendrant un départ des récoltes plus tardif.

Ce climat a continué de persister, entraînant le flétrissement des baies et le dessèchement des feuillages. Cette canicule a joué un rôle important sur les baisses de volumes de récolte.

 

Des disparités de récolte entre Est et Ouest

En septembre, les températures ont continué à être élevées. On remarque quelques épisodes orageux. Les vendanges ont alors été précoces, notamment pour une grande partie de la région Ouest. La maturation y a été rapide, avec des flétrissements surtout sur les cépages précoces et sensibles.

À l’est, les vendanges des blancs et des rosés ont été lancés début septembre. Pour les rouges, les maturités sont venues plutôt « tranquillement ». Des écarts de maturités importants ont été notés, parfois même dans des zones géographiques assez proches.

 

Les blancs et les rosés

Sur les premiers blancs et rosés, la récolte a été précoce puisqu’il a fallu lutter contre la montée des degrés.

Avec des peaux épaisses et de faibles rendements en jus, et des conditions de températures favorables aux oxydations, les moûts étaient colorés : dorés pour les blancs, soutenus pour les rosés. Le travail sur les couleurs (collages) et la séparation/segmentation des presses ont été un point clé cette année.

Les analyses de moûts confirmaient souvent de bonnes teneurs en azote (parfois même élevées) et des teneurs en potassium raisonnables. Avec cependant des équilibres analytiques qu’il a souvent fallu corriger, surtout en termes d’acidité.

Sur les secteurs plus à l’est, la vendange plus étalée a bien maintenu l’éclat aromatique (avec peut-être davantage de thiols sur des cépages tardifs que sur des plus précoces. Les acidités étaient également à surveiller, avec quand même des pH plus raisonnables au global.

 

Les vins rouges

Sur les zones et cépages précoces, les flétrissements ont pu conduire à des équilibres très concentrés : en alcool, en tanins, parfois en acidité aussi.

Globalement, sur la majorité des cépages, les maturités technologiques ont été facilement et vite atteintes. Bémol quand même sur les cinsaults, sur certains mourvèdres. Avec des profils de raisins souvent poussés à l’extrême cette année : richesse en sucres, peaux épaisses, petits rendements en jus, les milieux se sont révélés « hostiles » pour les levures, avec des fins de sucres difficiles, des raisins relarguant leurs sucres en toute fin de cuvaison, et moult relances et pieds de cuve à la clé…

Même plus à l’est, avec des maturations plus lentes, les degrés ont été très confortables, et on n’a pas complètement échappé aux phénomènes de flétrissement/concentration, notamment sur grenaches.

Côté dégustation, on peut retenir une qualité plutôt concentrée des vins rouges, « solaire » mais en gardant de l’éclat aromatique, et de manière assez homogène. Les profils sont plutôt colorés, fruités « mûrs », bien typés selon les cépages, solides au niveau des structures. Finalement, des bases plus légères (cinsault, mourvèdre) seront bienvenues pour donner de l’air à l’ensemble.

 

En conclusion…

 

Les experts du Laboratoire Natoli concluent ce rapport en définissant ce millésime de « complexe ».  À toutes les étapes, les vignerons ont dû faire preuve de maîtrise technique. Ils ont dû tout d’abord faire preuve d’endurance face au climat et aux conséquences dans le vignoble. Une fois les récoltes effectuées, ils ont ensuite dû surveiller, en cave, toutes les étapes de la vinification. C’est maintenant au tour des assemblages de définir les styles et le potentiel de ces vins qui se retrouveront bientôt sur vos tables !